Septembre 2024 marque le troisième anniversaire du départ des dernières troupes américaines en Afghanistan. Le retrait des troupes étrangères, initié par l’ancien président américain Donald Trump et mis en œuvre par l’actuel président Joe Biden, a marqué le début d’une série de développements regrettables dans le pays. Tandis que des groupes extrémistes comme Al-Qaïda trouvent un terrain propice à leur développement, la politique extrémiste des talibans entraîne oppression et pauvreté pour la population. Les filles et les femmes sont particulièrement victimes de violences.
Un bref retour dans le passé
L’invasion initiale de l’Afghanistan par les États-Unis était une conséquence directe du 11 septembre 2001. Le régime taliban en Afghanistan ayant refusé de livrer aux États-Unis certains membres éminents d’Al-Qaïda après les attentats, le pays a été envahi sous la direction de l’ancien président Bush. Les talibans ont rapidement été vaincus, et de nombreux membres se sont installés au Pakistan voisin. De là, ils ont tenté pendant plus de vingt ans de renverser le nouveau régime afghan. La guerre a duré jusqu’en 2021, atteignant son apogée en 2011, lors de l’élimination d’Oussama ben Laden.
Le 29 février 2020, les États-Unis et les talibans ont signé un accord convenant notamment du départ des troupes américaines en Afghanistan. Après plus de vingt ans de guerre dans la région, l’ancien président D. Trump a plaidé pour le départ des soldats américains de la zone de conflit. À ce moment-là, la guerre avait déjà coûté la vie à plus de 2.400 Américains et plus de 2.000 milliards d’euros. Bien que le contenu de l’accord ait été gardé secret, il a été révélé plus tard qu’il dépendait d’une réduction de la violence dans la région et de la libération de plusieurs centaines de prisonniers talibans. Les conditions de l’accord ont suscité de nombreuses critiques et été jugées irréalistes par des experts. Malgré leur promesse de réduction de violence, les talibans ont clairement affiché leur volonté de rétablir un régime islamique dans le pays. Ils ont également averti que la guerre ne s’arrêterait pas tant que leur objectif ne serait pas atteint. Beaucoup craignaient une nouvelle offensive des talibans après le départ des troupes étrangères. Le président J. Biden l’a qualifiée de « très peu probable » lors d’un de ses discours en 2021, alors qu’il ordonnait le retrait des troupes américaines. Malheureusement, il a eu tort. Les rebelles talibans ont réussi à prendre d’assaut la capitale, Kaboul, le 15 août, soit quinze jours avant le retrait complet des soldats américains.
Une crise humanitaire
Il est estimé que 90% de la population afghane vit dans la pauvreté. Après la prise de pouvoir des talibans, l’économie afghane s’est effondrée, entraînant la perte de centaines de milliers d’emplois et laissant un État accablé par une pauvreté extrême. Environ deux tiers de la population afghane nécessitait de l’aide humanitaire en 2023. Les événements extrêmes liés au climat ne font qu’aggraver la situation, avec une augmentation prévue du nombre d’Afghans dans le besoin en 2024.
Un manque d’investissements technologiques et financiers entraîne une crise de santé pour une grande partie de la population afghane, dont l’accès aux soins de base et aux soins de qualité a été considérablement restreint. Le retrait du soutien international après la prise de pouvoir des talibans a provoqué une réduction drastique du budget.
De plus, la censure de la presse libre entraîne l’arrestation et la torture de journalistes et d’activistes dans la région, et de nombreuses organisations du secteur non lucratif ont été dissoutes. Les ONG peinent à poursuivre leur travail et l’aide apportée à de nombreux groupes minoritaires a disparu. L’accumulation de problèmes dans la région peut être catégorisée comme une crise humanitaire aiguë.
Filles et femmes : des victimes disproportionnées
La crise humanitaire en Afghanistan s’accompagne également d’une crise de genre. Les filles et les femmes sont des victimes disproportionnées du régime extrémiste. Depuis le retour au pouvoir des talibans, de plus en plus de droits leur sont retirés. Les filles n’ont plus accès à l’enseignement secondaire et supérieur. Les universités et les lycées pour femmes sont fermés. L’accès au marché du travail est également limité, empêchant les femmes de travailler et d’avoir un revenu. Les talibans empêchent également l’accès aux soins, et les femmes ne peuvent plus fréquenter les parcs ni pratiquer des sports. Tous les organismes d’aide aux violences domestiques et liées au genre ont été démantelés.
Depuis janvier 2024, les femmes dans la capitale sont arrêtées lorsqu’elles ne respectent pas les strictes règles vestimentaires. Un soi-disant « mauvais hijab » entraîne de violences et torture de la part des autorités talibanes.
En mars 2024, les talibans ont adopté une nouvelle loi autorisant la lapidation des femmes qui seraient coupables de « crimes moraux », tels que des relations sexuelles hors mariage ou le fait de fuir leur domicile.
En août 2024, il a été annoncé que les femmes ne pouvaient plus chanter dans les lieux publics.
De nombreuses femmes afghanes témoignent se sentir enfermées chez elles et oubliées par la communauté internationale. Les taux de suicide augmentent progressivement.
Une lueur d‘espoir ?
La situation des citoyens afghans est désespérée. Cependant, des histoires positives émergent ici et là. Ainsi VRTNWS a réalisé un reportage sur une plateforme d’apprentissage belge offrant aux étudiant.es en Afghanistan la possibilité d’étudier depuis chez elleux et de développer de nouveaux talents. Les cours en anglais sont accessibles gratuitement et se situent en dehors du circuit éducatif traditionnel, permettant aux filles de participer relativement en toute sécurité. Plusieurs collectifs du monde entier tentent de contribuer via des projets similaires et des collectes de fonds là où c’est possible. Mais c’est insuffisant. L’aide internationale n’est que la partie émergée d’un iceberg (pour l’instant) insurmontable. En raison de l’attention internationale portée à des conflits comme Gaza et la guerre en Ukraine, les dirigeants mondiaux délaissant souvent d’autres pays tels que l’Afghanistan. Le pays est également complètement isolé des banques internationales, les talibans n’étant pas reconnus comme un gouvernement légitime. La crise en Afghanistan semble ne pas connaître de fin pour le moment, et les femmes et les filles en souffrent de manière disproportionnée.
Vous voulez en savoir plus sur la situation en Afghanistan ?
VRT NWS a rédigé un aperçu à l’occasion du troisième anniversaire du régime imposé (NL) : Taliban al 3 jaar stevig in het zadel: de wereld kijkt weg van Afghanistan | VRT NWS: nieuws
Human rights watch suit la situation de près. De nouvelles mises à jour sont disponibles ici (EN/FR) : Afghanistan | Country Page | World | Human Rights Watch (hrw.org)
Informations générales sur le déroulement de la guerre ? Consultez Wikipedia !
Sara-Lynn Milis
Centre de ressources & projets